L'exposition tombe à point pour égayer l'hiver. Et comme le billet permet plusieurs entrées, pourquoi s'en priver ? Parce qu'il y a beaucoup à voir et beaucoup à lire dans cette exposition particulièrement ambitieuse. En effet, en partant de la collection Michel Leclerc et de quelques emprunts complémentaires, le musée de Grenoble entend retracer toute l'histoire de la bande dessinée, depuis ses balbutiements jusqu'à ses dernières productions. A ce parcours chronologique se superpose un parcours thématique qui bien sûr ne se limite pas au seul territoire français. Le risque de se perdre au milieu de toutes ces planches est évident, comme il est évident que l'exposition ne pouvait être exhaustive; et certains ne manqueront pas de pointer les lacunes ou se plaindront que leur auteur préféré n'est pas suffisamment mis en valeur... Sans doute. Reste que faire entrer la bande dessinée dans un musée classé "beaux-arts" est une démarche audacieuse qui permettra peut-être à certains que l'Art (avec un grand A) intimide ou indiffère, de franchir pour la première fois la porte du musée. Ce qui en soi est une bel objectif.
Le deuxième objectif me semble-t-il est de montrer qu'entre le dessin dans la case et le tableau accroché au mur, la différence ne tient souvent qu'à la taille, et qu'une fois agrandi et encadré, le dessin change éventuellement de catégorie.
Osamu Tezuka, 1961
Certains dessinateurs d'ailleurs n'hésitent pas à passer de la planche imprimée à la peinture tout court.
Et bien sûr d'Enki Bilal
L'exposition du musée de Grenoble, aussi "savante" puisse-t-elle paraître, est avant tout ludique et il suffit pour s'en convaincre de regarder tous ces adultes, plantés devant un dessin, une planche, un extrait de comics ou de manga, pour comprendre que ce qu'ils regardent, le sourire aux lèvres, c'est avant tout le souvenir d'une lecture particulièrement appréciée.








